Gurov et Anna

Sortir du cinéma, empesée d’images.

Obnubilée par la trop grande beauté de ces deux femmes, leur force, leur intelligence

et leur grâce à toutes deux. Si droites, si dignes, si fières.

Aux côtés de cet homme qui geint sa vie. Qui vit d’envie.

Qui s’abreuve à la source d’un auteur mort, et en qui se meurt l’auteur qu’il ne fût pas, ou si peu.

Et comme le serpent qui se mord la queue, revenir à mon texte de ce matin,

sur l’envie, ou plutôt l’Envieux.

M’apercevoir que, sans le savoir, j’allais à sa rencontre, encore.

Ce raté qui, par dépit, détruit. Ce qu’il n’a pas, ce qu’il n’est pas.

Se méfier de ceux-là. Les fuir comme la peste…

Ces deux femmes, si belles, si pleines, si entières…

Et cet homme à la merci duquel elles sont, mais duquel elles se défont,

avec force, courage, détermination ; quelle belle leçon!

Et cette scène où, en un instant, faire l’amour, se transforme en faire la haine ;

en viol.

Un glissement de sens subtil, mais sans équivoque où chacun des deux protagonistes

sait…

Le plus fort inflige, l’autre subit et crie, en vain…

Troublante scène, mais Ô Combien! nécessaire! et qui montre à quel point l’envie

se conjugue parfois de la plus affreuse manière ; brutale, irréversible.

Nul salut n’est possible après, nul pardon non plus.

Ne reste que la fuite.

Fuir les Envieux.

Se consoler en se disant que l’on vaut mieux, que l’on vaut plus que la somme de leur mépris.

Notre propre valeur inversement proportionnelle à la leur.

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